J'ai besoin d'un tout croche à temps partiel, comme moi

 

J’vais commencer par avouer ma fixation du moment. Qui, je pense, n’est juste pas cute du tout. Ni crade. C’est juste déviant. Je regarde beaucoup de vidéo (maintenant Instagram et Facebook me proposent juste ça, je sais pas si je dois les remercier ou leur dire d’aller crever en enfer) de gens qui nourrissent leurs lézards et leurs serpents.

OK. Je sais que c’est weird. Mais j’me masturbe pas là. C’est juste une fascination platonique tout à fait malsaine sur la capacité d’élargissement de la mâchoire. C’est un mélange de dégoût et de fascination.  Un problème parmi tant d’autres, celui-là c’est certainement pas le pire. Ça passe sous le radar. J’voulais juste me libérer de mon secret.

Les choses sérieuses maintenant. En revenant de dîner la semaine passée avec une amie, dîner durant lequel j’ai osé consommer une bière, une de mes collègues m’a fait le commentaire que je sentais l’alcool. Scandale. J’ai vraiment deux parties de moi bien définie. Aussi bien définies dans mon horaire que dans ma tête. Mon quotidien 9@5, c’est la Merlin tranquille. Qui fait les bonnes affaires. Qui prend les bonnes décisions. Qui sacre pas trop. Ça c’est le côté qui a besoin de payer son loyer.

Et y’a le côté après-crépuscule. Mon côté sale. À 5h01 je peux être assise dans un tatoo shop en train de me faire percer les deux mamelons parce que ma vie manque de rebondissement. Pour ensuite aller rejoindre des amis à La Buvette, m’enfiler les calvados pis les verres de vin que j’ai aucune calice d’idée du cépage parce que tant que y’est plein, j’suis ben. Ajoute à ça 4-5 gélules de mush et hop.

J’pense pas être spéciale à cause de mes vies parallèles. Sauf. Que. J’assume être tout croche. Même si c’est tellement tabou. Et pourtant, tellement de gens sont dans cette situation. Tu croises un collègue dans un bar pendant que t’es en train de frencher à pleine bouche, il va te faire un sourire et un clin d’œil, comme pour te confirmer que ton secret est bien gardé. C’est ben beau écrire sur LinkedIn qu’on est des jeunes professionnels pis se prendre au sérieux, mais ça oblige-tu à être pogné d’la cenne? À être drette tout le temps? À sécher lentement par en d’dans? Je doute fortement qu’il y ait une seule manière acceptable de vivre sa vie.

 La preuve que c’est tabou, y’a un accord tacite entre toutes les personnes trash de l’univers. Nos anecdotes ont toujours 2 versions. La version non censurée pour les autres tout croche. Et la version 18 ans et moins à tous ces petits anges qui prônent une vie saine. Jugez-nous. On s’en fout. J’ai toujours dit que j’allais mourir jeune. Ça va permettre aux gens de se sentir mal de m’avoir jugé. Ou ça va leur donner raison. C’est selon.

Ma double vie se transpose aussi dans ma vie privée. J’ai le côté princesse Disney qui croit à la demande en mariage avec le genou à terre pis la garnotte dans l’écrin. De l’autre côté du ring, j’emmerde Disney, j’ai juste envie d’me faire pistonner raide sur le tapis d’Aladdin. J’suis probablement brisée. Mais ça me prend un gars qui fit là-dedans. Un équilibre entre les deux. Romantique et cochon. Mignon et nasty. T’as compris le genre. Un juste milieu entre être présentable aux soupers de famille et finir en cover du Allô Police.

J’aime le cute, le quétaine, flatte-moi les cheveux, tiens-moi la main en marchant. MAIS! Tiens-moi surtout pas par la taille, je trouve ça inacceptable comme move. Personne est à l’aise en se tenant par la hanche, ça juste l’air déplaisant, on dirait que vous essayez trop fort. Marche pubis contre pubis tant qu’à ça, même résultat au niveau du confort.

Demande-moi en mariage à Venise sur une gondole, criss c’pas dur à comprendre.

Pis j’ai mon autre côté. La saloparde, qui veut se faire brasser pis tirer les cheveux en se faisant dire des cochonsté dans le creux de l’oreille. Demande-moi pas en mariage à Venise sur une gondole, fourre-moi dessus pis après demande-moi en mariage. Je sais, au niveau de l’équilibre c’est laborieux. Ça me prend les deux. J’ai besoin de quelqu’un qui va m’apporter un équilibre dans ma vie. Pas juste au point de vue sexuel.

J’ai besoin de quelqu’un qui va équilibrer romantisme et perversité. Balancer aussi mon côté frivole. Qui va pouvoir m’accompagner dans mes fiestas et avoir du fun. Être pire que moi des fois. Ben pire que moi des fois. Moins pire que moi d’autres fois. Mais qui va aussi être capable de me dire que c’est assez. On pacte les p’tits, on décalisse. Ça me prend toute en même temps. Un chum. Un fêtard. Un casanier. Un ami. Un amoureux. Un sauveteur de piscine. Tu seule, j’vais me noyer continuellement, jusqu’à temps que j’en crève.

Oui, ça l’air d’un osti de gros contrat. Ça doit exister un tout croche à temps partiel comme moi. Avec qui je vais l’échapper un vendredi, regretter amèrement samedi et dormir toute la journée entre deux séances de sexe mou de monde magané.

 

 

Merlin Pinpin